Mercredi 4 mars 2020, École normale supérieure, 45 rue d’Ulm, salle des Résistants (premier étage, escalier B), 18h-19h30. 

Cette deuxième séance du semestre sera consacrée aux rapports entre Gramsci et l’histoire. En effet, comme on a largement pu le voir au cours des derniers mois, Gramsci est un penseur radicalement en contexte, dont la réflexion théorique part systématiquement de l’analyse de situations concrètes et d’époques historiques données, et loin d’être uniquement celles de l’actualité. Les citations présentes dans les Cahiers et les registres des livres lus par Gramsci en prison révèlent en outre que sa réflexion politique, en dépit des circonstances carcérales, se veut documentée et s’inscrit dans le dialogue avec l’histoire en tant que discipline. Toutefois, les Cahiers de prison n’offrent pas seulement une grande richesse d’essais historiques, ils présentent également une des interprétations les plus influentes du marxisme comme “historicisme absolu” : au déterminisme mécanique du marxisme d’inspiration positiviste, Gramsci oppose une vision de l’histoire comme produit de l’agir, de la pratique (ou praxis) de l’homme, et donc de ce dernier comme ce processus lui-même. L’histoire est ainsi le pilier de toute la philosophie de Gramsci.

Nous aurons le plaisir d’accueillir ce mercredi 4 mars Jean-Yves Frétigné, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Rouen Normandie et auteur d’Antonio Gramsci. Vivre, c’est résister, Paris, Armand Colin, 2017. Spécialiste de l’histoire politique de l’Italie contemporaine, il abordera notamment la réflexion de Gramsci sur le Risorgimento, le processus d’unification de l’Italie au XIXe siècle. Le reste de la séance sera consacré à une discussion totalement libre.