Jean Tain (ENS, équipe CIEPFC, UMR “République des savoirs”, PSL), « Idée d’une histoire littéraire d’un point de vue marxiste. Remarques sur l’historicisme et sa critique par Louis Althusser »
Résumé : À partir d’un bref rappel sur l’origine du concept d « historicisme » [Historismus] dans la philosophie et les « sciences de l’esprit » allemandes du XIXe siècle, on tentera de comprendre pourquoi ce terme est devenu tantôt péjoratif, tantôt revendiqué dans une certaine tradition marxiste. On se concentrera en particulier sur une conjonction singulière entre critique de l’historicisme et épistémologie de l’histoire, celle de Louis Althusser, qui discute sur ce point des enjeux de critique littéraire qui lui sont contemporains.
Bibliographie indicative :
- Choix de textes pour la séance.
- Althusser, Louis, « Le marxisme n’est pas un historicisme », dans Lire le capital I, Louis Althusser, Étienne Balibar (1965), ch. V, Librairie François Maspéro, Paris, 1968, p. 150-184.
- —, « Une conversation sur l’histoire littéraire » (1963), in Écrits sur l’histoire (1963-1986), PUF, Paris, 2018, p. 31-75.
- —, « À Gretzky » sur l’historicisme in Écrits sur l’histoire (1963-1986), PUF, Paris, 2018, p. 71-98.
- Jollivet, Servanne, L’Historisme en question. Généalogie, débats et réception (1800-1930), Honoré Champion éditeur, Paris, 2013.
Marion Leclair (Université d’Artois), « Néo-historicisme et critique littéraire »
Résumé : L’exposé veut s’intéresser au développement concomitant aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, dans les années 1980, d’un nouveau paradigme de critique littéraire historiciste. Aux États-Unis, le « néo-historicisme » (new historicism) prend corps dans les pages de la revue Representations, animée, entre autres, par Stephen Greenblatt et Catherine Gallagher. Il jette les bases d’une pratique critique qui revendique l’influence de l’historicisme allemand du début du XIXe siècle, contre le formalisme de la « nouvelle critique » américaine (New Criticism) et contre le marxisme structuraliste de Louis Althusser. En Grande-Bretagne, l’historicisme nouvelle manière, associé à des critiques comme Marilyn Butler, prend une forme moins polémique et moins théorique – mais aussi plus pérenne. Il s’impose indirectement dans le champ littéraire, à mesure que les transformations opérées au même moment par le « tournant linguistique » (linguistic turn) et l’analyse de discours dans le champ historique, où l’histoire sociale est peu à peu évincée par l’histoire intellectuelle, modifient durablement l’écriture de l’histoire et, du même coup, les approches historiennes de la littérature. Nous nous attacherons à présenter dans ses grandes lignes le projet néo-historiciste et à donner quelques exemples de ses réalisations des deux côtés de l’Atlantique, avant d’indiquer ce qui nous semble constituer les limites de sa version d’une approche des œuvres littéraires par l’histoire.
Bibliographie indicative :
- C. Gallagher et S. Greenblatt, Practising New Historicism, University of Chicago Press, 2000.
- F. Jameson, « Historicism and Marxism », New Literary History 11 : 1, 1979.
- M. Levinson, M. Butler, J. McGann et P. Hamilton, Rethinking Historicism: Critical Readings in Romantic History, Blackwell, 1989.
- M. Levinson, « Reflections on the New Historicism », European Romantic Review, 23:3, 2012.
- G. Stedman Jones, « De l’histoire sociale au tournant linguistique et au-delà. Où va l’historiographie britannique ? », Revue d’histoire du XIXe siècle, 33 : 2, 2006.
Edward Lee-Six (ENS), « Réflexions sur le néo-historicisme de Marjorie Levinson »
Résumé :
L’exposé proposera un commentaire de l’article que Marjorie Levinson a consacré au poème ‘Michael’ de William Wordsworth. En restituant la lecture que propose Levinson du poème de Wordsworth, on se demandera en quoi cette lecture est typique d’une approche dite
‘néo-historiciste’, et en quoi une telle approche se distingue
d’une lecture matérialiste.
Bibliographie indicative :
- William Wordsworth, Lyrical ballads and others poems, 1797-1800, éd.
James A. Butler et Karen Green, Ithaca et Londres, Cornell University
Press, 1992. - Marjorie Levinson, “Spiritual Economics: A Reading of
Wordsworth’s “Michael”‘, ELH, 52.3 (automne 1985), 707-731.
