[ATTENTION : changement de salle] Salle des Actes, 45 rue d’Ulm, 1er étage, escalier A.
Nous avons le plaisir d’accueillir David Harvey, pour une discussion autour de son rapport à Marx et au marxisme. Tenant de la “nouvelle géographie” dans les années 1960, David Harvey a participé à partir du début de la décennie 1970 au renouveau de la géographie radicale : il défend la pertinence des concepts hérités de Marx et des marxismes pour penser les problèmes auxquels est confrontée la géographie contemporaine. Il prône également le mouvement inverse, c’est-à-dire, comme l’écrit Anne Clerval, “l’intégration de la dimension géographique à la théorie de Marx, soit un matérialisme historico-géographique montrant la place-clé de l’espace dans le fonctionnement du capitalisme”.
Salle des résistants, 45 rue d’Ulm, 1er étage, couloir AB.
Cette séance s’attachera à présenter la manière dont Lucien Sève, qui nous a quitté il y a un peu plus de trois ans, en vient à théoriser la place de la personne dans cette lourde pensée du social qu’est le marxisme. Ce philosophe a en effet développé tout un ensemble conceptuel riche en ce domaine, à rebours d’une tradition qui voudrait noyer l’individu dans un bain d’acide sulfurique. On cherchera donc à faire ensemble un tour de ses développements en partant de sa conception du renversement par Marx de la catégorie d’essence, jusqu’à sa théorie de l’aliénation, dans le but d’exposer le projet sévéen d’une science de la biographie. Chemin faisant, nous discuterons également de certaines proximités qu’on peut constater entre ses réflexions et la théorie qui sous-tend la sociologie de l’individu de Bernard Lahire. Dans un dernier temps de l’exposé, on cherchera à faire fonctionner les instruments que nous laisse Sève pour s’essayer à penser la personnalité sur le terrain du genre.
S’attachant à ses textes les plus récents sur la question, l’idée est de montrer que la pensée sévéenne a des échos dans la recherche contemporaine et à toujours des choses fructueuses à nous dire. S’efforcer à penser avec Sève aujourd’hui, c’est aussi penser l’individu dans son engagement et, en cela, sa libération en actes.
Bibliographie indicative :
Gonzalez, Maya, & Neton, Jeanne, Logique du genre, Marseille-Paris-Genève, Editions Sans soleil, 2022.
Kollontaï, Alexandra, Marxisme et révolution sexuelle (textes choisis et présentés par Judith Stora-Sandor, traduits par Claude Ligny), Paris, La Découverte, 2001
Lahire, Bernard, Dans les plis singuliers du social : individus, institutions, socialisations, Paris, La Découverte, 2013.
Sève, Lucien, Marxisme et théorie de la personnalité, Paris, Éditions Sociales, 1969. Sève, Lucien, Penser avec Marx aujourd’hui. « L’homme » ?, Paris, La Dispute, 2008.
Sève, Lucien, Pour une science de la biographie. Suivi de Formes historiques d’individualité, Paris, Éditions Sociales, 2015.
Salle des résistants, 45 rue d’Ulm, 1er étage, couloir AB.
« Das neue Verhältnis zwischen Arbeiter und Unternehmer [la nouvelle relation entre travailleur et employeur] », Neuen Postillon, Zürich, Suisse, 1896.
Suite aux longues sections 3 et 4 du livre I du Capital, qui exposent avec un riche matériau empirique la production de survaleur dans le capitalisme, le temps est venu de récapituler l’analyse de la survaleur avec l’étude de la section 5, intitulée justement “La Production de la survaleur absolue et relative”. Ces chapitres sont l’occasion pour Marx d’expliciter l’articulation des concepts mobilisés dans les analyses précédentes, tels que la survaleur absolue et relative. On verra que cette articulation n’est pas toujours privée d’ambiguïtés, en particulier pour la question de l’intensité du travail. L’objectif de cette section est donc l’éclaircissement des zones d’ombre restées dans l’analyse de la survaleur, permettant la formulation finale des lois du taux de survaleur.
Salle des résistants, 45 rue d’Ulm, 1er étage, couloir AB.
Edouard Vuillard, Usine de fabrication d’armement à Lyon : les tours, 1916-1917, Musée d’Art moderne de Troyes
Comme en attestent sa longueur et la diversité des sources convoquées et généreusement citées, le chapitre XIII du Capital ne vise pas seulement à conclure d’un point de vue théorique la section sur la production de la survaleur relative. Polémiquant à loisir avec les économistes de son temps, Marx entend compléter leur définition purement mécanique ou mathématique de la machine par un “élément historique”. Cette ambition le conduit à proposer un panorama foisonnant de la longue “révolution industrielle” que connaît l’Angleterre depuis le XVIIIe siècle.
Tout au long de son exposé détaillé des effets mortifères du mode d’exploitation de la fabrique, Marx est soucieux de préciser que l’exploitation mécanisée a des conséquences diversifiées (mais également délétères) sur les travailleurs et les travailleuses selon qu’elle intervient dans une période de “transition” ou après que le mode de production capitaliste a définitivement trouvé sa base technique adéquate : la machine-outil automatique et elle-même produite mécaniquement. Au sein du tableau apocalyptique que Marx propose de l’Angleterre industrialisée, je m’intéresserai notamment à la place réservée dans ce chapitre aux femmes ouvrières.
par Tanguy Perrono lundi 13 mars à 18h30 Salle des résistants, 45 rue d’Ulm, 1er étage, couloir AB.
L’objet de la séance est la présentation des chapitres XI (« La Coopération ») et XII (« Division du travail Manufacture »).
Si le chapitre XI part de la capacité anthropologique, transhistorique et commune aux différents régimes d’extorsion du surtravail de conjuguer des efforts de travail combinés, Marx démontre que rassemblée comme force de travail salariée par le capitaliste individuel, et soumise au despotisme de fabrique, elle devient facteur d’accroissement de productivité et adéquate à l’aiguillon de la plus-value relative, en ce qu’elle est à même, par les gains productif de son travail combiné et planifié précisément, de baisser la valeur des biens de consommation ouvrière. Dans ces conditions, la coopération antérieure – agricole et féodale, par exemple – se transforme. La population devient la principale force productive et passe d’individualités conjuguées de façon sporadique en force productive spécifiquement capitaliste, source de plus-value sociale « en masse ». Et ainsi condition de la production à grande échelle (dans l’atelier, la branche, l’échange).
S’en suit sa réunion au sein de la Manufacture (chapitre XII), au sein de laquelle la base des métiers reste artisanale dans ses procédés, forme transitoire au passage à la grande industrie (le mode de production capitaliste sur ses propres bases : chapitre XIII que nous présentera Lucie), à ceci près qu’étiolée par la division du travail manufacturière qui y règne comme principe.
L’exposé sera principalement linéaire. Toutefois, je m’arrêterai lorsque Marx introduit de nouvelles catégories ou une nouvelle articulation entre elles . En particulier, je voudrais examiner les catégories de plus-value relative et de subsomption ; de coopération simple et de travail social combiné dans son rapport à la valeur ; de population comme principale force productive et de despotisme de fabrique ; de manufacture hétérogène et sérielle ; et revenir l’ambiguïté de la définition de division du travail, que j’avais déjà signalé dans l’Idéologie allemande.
Bibliographie :
Karl Marx, Le Capital, (traduction Lefebvre), Paris, PUF, 1993
Karl Marx, L’idéologie allemande (traduction Hildenbrand), Paris, Nathan, 1991
Karl Marx, Un chapitre inédit du Capital (traduction Dangeville), Paris, UGE 10/18, 1971
Ludovic Hetzel, Commenter le Capital, Paris, Les Editions sociales, 2021
David Harvey, Pour lire Le Capital (traduction Vieillescazes), Paris, La ville brûle, 2012
Michael Heinrich, Critique de l’économie politique : une introduction au trois livres du capital de Marx (traduction Jurkovic), Toulouse, Smolny, 2021
Philippe Bernoux, Un travail à soi, Toulouse, Privat, 1982
Salle des résistants, 45 rue d’Ulm, 1er étage, couloir AB.
L’objet de la séance est la présentation des chapitres XI (« La Coopération ») et XII (« Division du travail Manufacture »).
Si le chapitre XI part de la capacité anthropologique, transhistorique et commune aux différents régimes d’extorsion du surtravail de conjuguer des efforts de travail combinés, Marx démontre que rassemblée comme force de travail salariée par le capitaliste individuel, et soumise au despotisme de fabrique, elle devient facteur d’accroissement de productivité et adéquate à l’aiguillon de la plus-value relative, en ce qu’elle est à même, par les gains productif de son travail combiné et planifié précisément, de baisser la valeur des biens de consommation ouvrière. Dans ces conditions, la coopération antérieure – agricole et féodale, par exemple – se transforme. La population devient la principale force productive et passe d’individualités conjuguées de façon sporadique en force productive spécifiquement capitaliste, source de plus-value sociale « en masse ». Et ainsi condition de la production à grande échelle (dans l’atelier, la branche, l’échange).
S’en suit sa réunion au sein de la Manufacture (chapitre XII), au sein de laquelle la base des métiers reste artisanale dans ses procédés, forme transitoire au passage à la grande industrie (le mode de production capitaliste sur ses propres bases : chapitre XIII que nous présentera Lucie), à ceci près qu’étiolée par la division du travail manufacturière qui y règne comme principe.
L’exposé sera principalement linéaire. Toutefois, je m’arrêterai lorsque Marx introduit de nouvelles catégories ou une nouvelle articulation entre elles .
En particulier, je voudrais examiner les catégories de plus-value relative et de subsomption ; de coopération simple et de travail social combiné dans son rapport à la valeur ; de population comme principale force productive et de despotisme de fabrique ; de manufacture hétérogène et sérielle ; et revenir l’ambiguïté de la définition de division du travail, que j’avais déjà signalé dans l’Idéologie allemande.
Bibliographie :
Karl Marx, Le Capital, (traduction Lefebvre), Paris, PUF, 1993
Karl Marx, L’idéologie allemande (traduction Hildenbrand), Paris, Nathan, 1991
Karl Marx, Un chapitre inédit du Capital (traduction Dangeville), Paris, UGE 10/18, 1971
Ludovic Hetzel, Commenter le Capital, Paris, Les Editions sociales, 2021
David Harvey, Pour lire Le Capital (traduction Vieillescazes), Paris, La ville brûle, 2012
Michael Heinrich, Critique de l’économie politique : une introduction au trois livres du capital de Marx (traduction Jurkovic), Toulouse, Smolny, 2021
Philippe Bernoux, Un travail à soi, Toulouse, Privat, 1982
Salle des résistants, 45 rue d’Ulm, 1er étage, couloir AB.
Entre 1851 et 1862, Marx (en exil à Londres) et Engels (employé dans la manufacture de son père à Manchester) contribuent régulièrement au journal états-unien The New-York Daily Tribune. Ils produisent au cours de ces années près de cinq cents articles, proposant des analyses concrètes et riches de l’actualité économique, politique et géopolitique du milieu du XIXe siècle, sur la « révolution et contre-révolution » en Allemagne, le mouvement chartiste anglais, la guerre de Crimée, les guerres de l’opium en Chine, la révolte des Cipayes en Inde, ou encore la guerre de Sécession aux États-Unis. Après une présentation générale de ce travail journalistique de Marx et d’Engels, la séance sera consacrée à l’étude des articles de 1851 et 1852 publiés dans le New-York Daily Tribune, à l’occasion de la parution de leur traduction aux Éditions sociales. Ces articles de 1851 et 1852 forment deux ensembles distincts. D’une part, une série publiée sous le titre « Révolution et contre-révolution en Allemagne » suit le déroulement du processus révolutionnaire allemand de 1848 et 1849 et propose une analyse de ses causes, de ses forces motrices et de son échec. D’autre part, les articles portant sur la situation anglaise constituent une chronique de la conjoncture économique (Marx diagnostiquant une crise imminente), de la vie politique (manipulations électorales, combinaisons parlementaires, etc.) et des luttes sociales (le mouvement chartiste) dans le pays où le capitalisme était alors le plus développé.
La séance sera assurée par trois des traducteurs-rices du volume.
Salle des résistants, 45 rue d’Ulm, 1er étage, couloir AB.
Le chapitre 9 ne sert pas seulement de transition entre l’étude des deux formes de production de survaleur, absolue et relative. Il donne aussi l’occasion à Marx d’évoquer les liens entre la masse des capitaux individuels et les conditions de l’accumulation, annonçant le Livre 3. Le chapitre 10 présente la survaleur relative dans son concept (baisse de la valeur des moyens d’existence des travailleur.se.s) et théorise son émergence par l’intermédiaire de la concurrence et des gains de productivité qu’elle suscite, d’abord chez un capitaliste individuel puis pour l’ensemble de la branche.
Guillaume Fondu et ÉricSevault Lundi 13 février 2023 à 18h30
Salle des résistants, 45 rue d’Ulm, 1er étage, couloir AB.
Lors de cette séance, nous présenterons les Carnets de la Révolution de Nikolaï Soukhanov, qui paraîtront le 24 mars aux éditions Smolny. Militant internationaliste proche de l’aile gauche du menchevisme, Soukhanov raconte, dans ses Carnets, la révolution, de Février à Octobre 1917, en militant. Membre et acteur important du Soviet de Petrograd et de son Comité exécutif, il essaie toujours d’identifier dans son récit les forces en présence, les projets rivaux et les moments importants du processus révolutionnaire ainsi que les potentiels politiques qu’ils recèlent.
Au-delà de la seule révolution russe, ces Carnets permettent donc de réfléchir à que peut signifier le fait, pour un militant socialiste, d’analyser et d’intervenir au sein d’un processus révolutionnaire, à l’aune de ses propres lectures de Marx.
Plus d’éléments sur le site du collectif éditorial :
Salle des résistants, 45 rue d’Ulm, 1er étage, couloir AB.
Nous avons le plaisir d’accueillir Leopoldina Fortunati à l’occasion de la traduction en français de son ouvrage L’arcane de la reproduction. Femmes au foyer, prostituées, ouvriers et capital (Entremonde, 2022). Le livre, qui s’inscrit dans les débats internationaux sur le salaire au travail ménager et les élaborations théoriques du mouvement féministe opéraïste italien, est paru pour la première fois en 1981 en Italie. Le livre constitue l’une des tentatives les plus abouties d’appréhension du travail domestique à travers les catégories d’analyse que Marx appliquait à la sphère de la production.
La conférence sera suivie d’une heure de discussion avec le public.
Le séminaire est ouvert à toutes et à tous, il ne nécessite aucune inscription préalable.
Lucie Rondeau du Noyer Lundi 23 janvier 2023 à 18h30
Salle des résistants, 45 rue d’Ulm, 1er étage, couloir AB.
Jeune manœuvre mossi sarclant le café (Bazré). (photo extrait de Claude Meillassoux, Anthropologie économique des Gouro de Côte d’ Ivoire)
Au cours des années 1960 et 1970, préciser le contenu de la notion de « transition » est une préoccupation théorique et politique majeure pour de nombreux auteurs marxistes français. Comme des philosophes (Louis Althusser, Étienne Balibar) et des économistes (Charles Bettelheim), les anthropologues Claude Meillassoux, Pierre-Philippe Rey et Emmanuel Terray ont eux aussi cherché à répondre à une double question :
Sans théorie marxienne de la « transition », est-il possible de faire de cette notion un usage scientifique et compatible avec les principes du matérialisme historique ?
Comment ce travail de clarification conceptuelle peut-il être mis au service d’un projet politique global de transition au socialisme ?
Dans un premier temps, je montrerai comment les travaux pionniers de Claude Meillassoux ont été mobilisés par les althussériens au service de leur entreprise de (re)lecture du Capital de Karl Marx. Il s’agira notamment de comprendre quelle place la « transition » ou le « passage » d’un mode de production à un autre tient dans une démarche couramment présentée comme structuraliste.
Je présenterai ensuite en détail les solutions théoriques, proposées au tournant des années 1970 par les anthropologues Emmanuel Terray et Pierre-Philippe Rey pour penser « la combinaison » ou « l’articulation » des différents modes de production au sein d’une formation sociale donnée. Je tâcherai notamment de montrer ce que leurs théories doivent à leur terrain africain et à leurs engagements politiques. À rebours de l’idée parfois avancée selon laquelle l’anthropologie marxiste française n’a, malgré son succès indéniable, pas trouvé de débouchés pratiques, j’exposerai brièvement comment la sociologue Hélène Legotien a tenté de mobiliser les théories de Terray et de Rey pour infléchir les méthodes et les visées des opérations de développement menées par les puissances capitalistes dans certains États du Tiers-Monde.
En dernier lieu, je présenterai rapidement la place occupée par la « transition » dans l’œuvre de Maurice Godelier, lui aussi représentant de l’anthropologie marxiste à la française. Je rendrai à cette occasion compte des débats que celle-ci a suscités chez d’autres représentants du même courant.
Bibliographie :
Althusser, Louis, « Appendice : sur “la moyenne idéale” et les formes de transition » in Lire le Capital II, Paris, Maspero, 1969, p. 72-78.
Althusser, Louis, « Sur Lévi-Strauss (20 août 1966) » inÉcrits philosophiques et politiques, tome II, Paris, Stock/IMEC, 1995, p. 216 – p. 232.
Balibar, Étienne, « Sur les concepts fondamentaux du matérialisme historique » in Lire le Capital II, Paris, Maspero, 1969, p. 79 – 226.
Legotien, Hélène, « Sur les structures internes et externes de l’économie agricole traditionnelle africaine », Paris, SÉDÉS, octobre – novembre 1971, 93 pages dactylographiées ronéotypées.
Godelier, Maurice, « La théorie de la transition chez Marx. » Sociologie et sociétés, volume 22, numéro 1, printemps 1990, p. 53–81.
Meillassoux, Claude, « Essai d’interprétation du phénomène économique dans les sociétés traditionnelles d’auto-subsistance », Cahiers d’Études Africaines, Paris, 1960, n°4, p. 38-67.
Meillassoux, Claude, Anthropologie économique des Gouro de Côte d’Ivoire : De l’économie de subsistance à l’agriculture commerciale. Paris : Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 1999 [1964].
Meillassoux, Claude, compte-rendu de Godelier, Maurice, Transitions et subordinations au capitalisme, Études rurales, n°125-126, 1992, p. 185-188.
Rey, Pierre-Philippe, Colonialisme, néo-colonialisme et transition au capitalisme. Exemple de la Comilog au Congo-Brazzaville, Paris, Maspero 1971.
Rey, Pierre-Philippe, Les Alliances de classes, Paris, Maspero, 1973Terray, Emmanuel, Le Marxisme devant les sociétés « primitives ». Deux études, Paris, Maspero, 1969.
Le séminaire est ouvert à toutes et à tous, il ne nécessite aucune inscription préalable.
Salle des résistants, 45 rue d’Ulm, 1er étage, couloir AB.
La séance précédente avait été l’occasion d’aborder les trois premiers chapitres de la section III du Capital dans lesquels Marx, sortant de la sphère de la circulation marchande, impropre à expliquer la formation de survaleur, s’attache à l’étude de la sphère de la production. Ces trois premiers chapitres consistent, nous l’avons vu, en une étude des concepts fondamentaux permettant de comprendre comment s’effectue la production de survaleur en mode de production capitaliste.
La séance de ce lundi sera consacrée à l’étude du chapitre VIII de la troisième section du Capital. Dans ce chapitre essentiellement descriptif et empirique, Marx présente la journée de travail comme le premier enjeu de la lutte entre la classe capitaliste et la classe des travailleurs. Cette étude de la journée de travail s’effectue en trois grands moments : d’abord Marx pose les termes qui permettent de comprendre le conflit d’intérêt entre le capitaliste et le travailleur autour de la journée de travail (sous-chapitre 1). Ensuite, il met en évidence, par une étude historique et descriptive, la lutte qu’a mené la classe capitaliste pour l’extension sans fin de la journée de travail au détriment du travailleur (sous-chap. 2 à 4). Enfin, dans un troisième moment contradictoire, il s’agira de montrer comment la classe des travailleurs s’est élevée contre ce mouvement d’extension sans fin de la journée de travail et les résultats de cette lutte du travailleur pour la journée de travail normale.
Salle des résistants, 45 rue d’Ulm, 1er étage, couloir AB.
Pour la première séance du second semestre, nous avons le plaisir d’accueillir Enzo Traverso pour la présentation de son ouvrage Révolution. Une histoire culturelle (La Découverte, 2022). Sa présentation s’appuiera en particulier sur le premier chapitre de l’ouvrage, “Les locomotives de l’histoire”, dans lequel Marx occupe une place centrale.
La conférence sera suivie d’une heure de discussion avec le public.
Le séminaire est ouvert à toutes et à tous, il ne nécessite aucune inscription préalable.
Salle des résistants, 45 rue d’Ulm, 1er étage, couloir AB.
Le chapitre précédent (IV : « Transformation de monnaie en capital ») avait été l’occasion pour Marx d’exposer la formule générale du capital (A-M-A’) et de présenter les conditions de sa résolution au sein de l’échange marchand. Nous entrons désormais dans la troisième section, consacrée à l’étude de la production de la survaleur absolue. Cette troisième section se présente comme un véritable second commencement du Capital, qui débute à partir d’un déplacement de perspective : nous prenons congé de la sphère de la circulation et de l’échange marchand, impropres à expliquer le phénomène de valorisation et incapables d’expliquer le mystère de ces « faiseurs de plus » que sont les capitalistes, pour pénétrer dans l’« antre secret de la production » de la survaleur. Je traiterai donc au cours de cette séance des trois premiers chapitres de cette troisième section : le chapitre V (« Processus de travail et processus de valorisation »), le chapitre VI (« Capital constant et capital variable ») et le chapitre VII (« Le taux de survaleur »). Ces trois chapitres constituent une présentation formelle des déterminations de la production capitaliste en tant que production de survaleur, menée à partir d’une présentation du procès de travail dans sa généralité simple. Marx y dépasse la forme très abstraite dans laquelle il avait d’abord présenté les concepts du capital dans la section II (à travers la formule générale et la marchandise force de travail) pour y avancer les concepts nouveaux de « capital constant » et de « capital variable », comme fractions du capital total.
Salle des résistants, 45 rue d’Ulm, 1er étage, couloir AB.
Au regret de son biographe Isaac Deutscher, Trotsky a sacrifié dans les années trente une grande partie de ses projets littéraires à son activité politique réelle et inlassable pour la Quatrième internationale. Il n’a donc pas rédigé l’histoire de la guerre civile russe qu’il projetait, ni de grand livre sur le fascisme. Mais il n’a cessé d’écrire pour sonner l’alarme face à ce qu’il a perçu très tôt comme un danger mortel. Contrecarrer la montée du fascisme en Allemagne et en Europe, impliquait de s’attaquer à la politique portée par les directions des partis qui voulaient représenter et diriger le mouvement ouvrier : les sociaux démocrates et leur politique antisociale et l’Internationale communiste stalinisée et ses formulations théoriques funestes comme le social-fascisme. Trotsky s’est efforcé de définir le plus clairement possible le fascisme et sa variante nationale-socialiste afin d’outiller conceptuellement ses lecteurs et ses partisans dans un combat face à un ennemi, dont la nature semblait difficilement saisissable, voire contradictoire, et dont l’un des tours de force fut sa capacité à apparaître comme un mouvement révolutionnaire radical et anticapitaliste, tout en bénéficiant en sous-main du soutien du patronat.
L’édition la plus complète des écrits de Trotsky sur le fascisme a été publiée en 2015 par les éditions Syllepse. Elle constitue un épais volume de plus de 900 pages, dont les textes ont été rédigés sur deux décennies, de 1922 à 1940. Ils sont issus de brochures ou d’articles au ton souvent polémique et toujours écrits en prise directe avec l’actualité la plus immédiate. Loin des caricatures qui ont pu être faites des approches marxistes du fascisme, selon lesquelles celles-ci n’y verraient qu’un outil dans les mains du grand capital, les écrits de Trotsky se révèlent à la lecture tout en nuances et particulièrement éclairants pour saisir le caractère hybride de ce mouvement politique et sa capacité à jouer des faiblesses mêmes de ceux qui aspirent à le vaincre. On s’efforcera d’en présenter les grandes lignes directrices et les principales articulations théoriques.
Bibliographie indicative :
On recommande la lecture de l’édition de référence des écrits de Trotsky sur le fascisme : Léon Trotsky, Contre le fascisme (1922-1940), Editions Syllepse, Paris, 2015.
