par Loïc Bonin et Quentin Ravelli
Lundi 15 novembre 2021 à 18h30
Salle des résistants, 45 rue d’Ulm, 1er étage, couloir AB.
Le 17 novembre 2018, des milliers de ronds-points sont occupés par les Gilets jaunes en France. Rapidement se construisent des cabanes qui deviennent des lieux de blocage et de revendication, d’échange et de politisation. Presque trois ans après le mouvement, Quentin Ravelli et Loïc Bonin, qui ont mené des enquêtes à partir d’observations participantes au long cours dans le Loiret et en Saône-et-Loire, proposeront une analyse matérialiste de ce mouvement social.
En introduction, ils définiront ce que peut être, théoriquement, une sociologie matérialiste d’une lutte sociale, en repartant de quelques textes de Marx – notamment Les Luttes de classes en France, la Contribution à la critique de l’économie politique et l’Idéologie allemande – ainsi que de La guerre des paysans en Allemagne d’Engels.
Dans un premier temps, Loïc Bonnin présentera deux ronds-points de Camon en Bourgogne, où se distinguent deux manières de lutter au sein du mouvement des Gilets jaunes. En s’attardant sur les profils socio-économiques, il reviendra sur les fractions des classes populaires mobilisées et les sur façons différenciées de s’engager. Dans un second temps, Quentin Ravelli présentera la « grappe giratoire » de Montargis : un réseau de cinq lieux de mobilisation en interaction constante, qui permet au mouvement d’intégrer des tendances politiques divergentes et de se projeter dans les « actes » parisiens hebdomadaires. La grappe de ronds-points maintient aussi ensemble des fractions de classes distinctes, rendant possible une expression de classe qui dépasse ses composantes élémentaires : artisans, intérimaires, employées des services publics et de la santé.
L’objectif de cette approche est de mieux comprendre les nouvelles formes d’expression politique des Gilets jaunes et de renouveler l’économie politique des mouvements sociaux, à partir d’une réflexion sur les rapports entre infrastructure et superstructure, conditions objectives et subjectives des luttes sociales.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
adlc (13 novembre 2021). Pour une sociologie matérialiste du mouvement des Gilets jaunes. les armes de la critique. Consulté le 22 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/amah