Grégoire Mottet
Lundi 27 janvier 2025 à 18h30
Salle des résistants, 45 rue d’Ulm, 1er étage, couloir AB.
« Terre neuve, mille problèmes. »
– Rosa Luxemburg
Au sein de la pensée marxiste, les réflexions sur la planification, affublée dorénavant de l’adjectif « écologique » et précisée « démocratique », connaissent un nouvel essor. Elles continuent l’objectif marxiste de dépasser le capitalisme en permettant une réappropriation des choix de production par la société dans son ensemble. Mettre les choix économiques sur la place publique requiert de définir des institutions politiques capables d’accueillir une délibération et une décision démocratique. La planification renvoie ainsi à un nouveau mode de production, mais également une nouvelle forme de régime politique, restée relativement peu explorée.
Ma présentation reviendra sur les tentatives marxistes de préciser les formes que sont amenées à prendre les institutions politique d’une démocratie économique socialiste. Elle retracera en particulier deux propositions opposées : Alors que les défenseurs des soviets (le Lénine de L’État et la révolution, Castoriadis, Mandel) prévoient une planification autogestionnaire largement branchée à la démocratie directe, les parlementaristes (Kautsky, les eurocommunistes) considèrent que le parlement est une institution irremplaçable de la modernité et qu’il doit rester le lieu central du pouvoir, y compris économique. Certains tentent de trouver un juste milieu en combinant formes parlementaires et conseillistes (austro-marxistes, Poulantzas). Ces différents modèles nous questionneront également sur la place attribuée aux consommateur-ices et producteur-ices au sein de la planification démocratique. La reconstitution des arguments de ces différentes courants, cherchant à donner un contenu à la démocratie économique socialiste, nous mènera à déborder sur quelques pensées peu connues telles que celle de Norberto Bobbio ou des socialistes de la guilde.
Bibliographie :
- Tony Andréani, Le socialisme est (a)venir : 2. Les possibles, Paris, Syllepse, 2004.
- Daniel Bensaïd, « Eurocommunisme, austromarxisme et bolchevisme », Critique communiste, n° 18-19, 1977.
- Yohan Dubigeon, La démocratie des conseils : aux origines modernes de l’autogouvernement, Paris, Klincksieck, 2017.
- Cédric Durand et Razmig Keucheyan, Comment bifurquer : les principes de la planification écologique, Paris, La Découverte (Zones), 2024.
- James Muldoon (éd.), Council Democracy : Towards a Democratic Socialist Policy, Londres, Routledge, 2018.
- Carmen Sirianni, « Councils and Parliaments : Problems of Dual Power and Democracy in Comparative Perspective », Politics & Society, vol. 2, n° 1, 1983, p. 83-123.
Enregistrement de la séance :
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
adlc (21 janvier 2025). Cycle « Planification, marché et autogestion » (4) – La démocratie économique socialiste : institutions politiques et planification dans la pensée marxiste. les armes de la critique. Consulté le 20 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/134ef
est il possible d’avoir l’exposé integral ?
tres schematiquement, la question est comment combiner au sein de la “dictature du proletariat” cad l’etat des conseils ouvriers
1) le niveau syndical lui meme
2) la necessaire representation “territoriale” seconde mais devant exister a cote et subordonnée a l’assemblée des conseils ouvriers
3) la democratie economique ouvriere cad la preservation de l’initiative privée, TPE, PME, ETI, etc avec des mecanismes boursiers non speculatifs (ceux de l’origine de la bourse cad l’apport de capitaux et leur remuneration), le marché comme indicateur a court terme cad 3 mois a 5 ans, la presence avec droit de veto des administrateurs ouvriers ds le CA
4) le plan incitatif, revisé annuellement et tous les 5 ans, pour les mecanismes a long terme (1 an à 50 ans)
Bonjour,
La séance a été enregistrée et sera mise en ligne dès que possible.
Cordialement.